- Le camp rrom du Blok 67, Belgrade (©CdB/Marija Jankovic)
Au moment où les vandales ont jeté un cocktail molotov, cinq membres de la famille Ivanišević se trouvait à l’intérieur de leur maison, dont un garçonnet de six ans. Gordana Ivanišević dormait, tout comme son mari, son fils, sa belle-fille et son petit-fils, lorsque la baraque a pris feu. Elle habite provisoirement chez ses voisins, qui ont accueilli la famille dont foyer a été complètement incendié.
« Nous n’avons rien vu, rien entendu. C’est notre voisin qui s’est précipité pour nous sortir dehors. Nous n’avons pas d’eau dans le quartier, et nous n’avons pu que regarder notre maison partir en flammes. Tout ce que nous avions est resté à l’intérieur… L’argent, les documents, les vêtements et chaussures… Heureusement que nous sommes tous sains et saufs », soupire Gordana Ivanišević. Sa voisine Zorica Memetović dit qu’elle a été la première à avoir vu les agresseurs pénétrer dans le village en criant « Tsiganes, Tsiganes », et en jetant un cocktail molotov sur la baraque.
« J’ai vu que le feu prenait partout, mon mari est allé immédiatement réveiller nos voisins pour qu’ils ne brûlent pas dans leur maison. Les hooligans, pour la plupart des très jeunes gens, se sont enfuis vers les bâtiments de Novi Beograd ». Selon Zorica, tout le monde dans le quartier a désormais peur de subir le même sort.
« Nous ne dormons pas la nuit. Nous avons très peur qu’ils mettent le feu », s’inquiète Zorica. Le chef du quartier et coordinateur pour les affaires rroms, Arif Kadrijaj, essaie d’obtenir des autorités une réponse pour savoir comment sera réglée la situation de la famille Ivanišević.
« Le secrétaire municipal pour les affaires sociales, Vladan Đukić, m’a dit qu’il ne savait pas quoi faire pour la famille dont la baraque a été incendiée et que ce n’est pas son problème », affirme Arif Kadrijaj. Vladan Đukić a refusé de répondre à nos questions.
Les vandales ont copié la scène du film Šišanje
Le film controversé Šišanje (la « coupe de cheveux » ou « la tonte ») comporte une scène identique d’incendie d’un village rrom. Le metteur en scène Stevan Filipović affirme que c’est une scène qui a réellement eu lieu il y a quelques années à Belgrade.
« Il est intéressant de voir combien la vie peut imiter un film et inversement. Si ce cas près de Belvil a été inspiré par la scène de mon film, les autorités devraient réagir immédiatement. On devrait mettre fin à une telle quantité de haine chez les jeunes et les auteurs de ces actes devraient être sévèrement punis », affirme Stevan Filipović.