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Founded in 2005, Asia Centre is a French Think Tank that holds debates and issues publications on matters relating to international, strategic, economic relations, as well as the political and social transformations underway the Asia-Pacific region.

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Asia Centre is a research institute that aims to create social impact in the region. It was first established in Bangkok, Thailand in 2015 and in 2018 a second Centre was established in Johor Bahru, Malaysia. In 2021, Asia Centre was granted the UN ECOSOC Special Consultative Status. The Centre undertakes evidence-based research, convenes events and amplifies its work through media and social media engagement.

 

  Asia Centre - Leading Think Tank Dedicated To Asia - Research Institute

Founded in 2005, Asia Centre is an independent research institute that holds debates and issues publications on matters relating to international, strategic, economic relations, as well as the political and social transformations underway in the Asia-Pacific region. At the crossroads of university research as well as public and private decision-making, Asia Centre researchers identify critical regional issues and analyse them in-depth, taking into consideration both local and global dimensions.

Asia Centre’s programs are developed with a vast network of partners, companies and major specialist centres in Europe, North America and Asia. The Centre carries out joint operations with these groups, for a better interpretation of ideas and issues. The conclusions of these meetings, such as the results of the work carried out using original sources by our researchers, are widely distributed through the Centre’s publications as well as through international journals, books and media.

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Newsletter - NOVEMBER 2023

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Billet de Chine

SHENG SHENG BU XI (声生不息)

" LA VIE ENGENDRE LA VIE, IL N'Y A PAS DE FIN "

François Issard, membre du comité exécutif d'Asia Centre

 La Chine vient de vivre plusieurs années contrastées mais dont la marque principale restera sans doute dans la mémoire collective la crise pandémique et ses aléas de contrôle de masse.

Pour ceux qui ont quitté le pays avant 2020, ce qui frappe aujourd’hui, dès les premières flâneries dans les artères des centres-villes de Pékin et de Shanghai, c’est le contraste avec l’ambiance heureuse, l’enthousiasme collectif qui y régnaient alors.

 

Ensuite, c’est l’absence des occidentaux des rues des grandes villes, corroborée par les statistiques officielles des chancelleries. Beaucoup sont partis pendant la crise Covid et très peu sont revenus. Les touristes étrangers, qui représentaient une source importante de revenus pour une frange importante du secteur des services sont également invisibles.

Cela a-t-il à voir avec la sortie brutale mais désorganisée fin 2022 de la crise sanitaire et d’une morosité « post-traumatique » qui perdurerait ?

Y a-t-il en fait des causes profondes, les médias occidentaux s’interrogeant en même temps sur la santé réelle de l’économie chinoise ? Le changement d’humeur des Chinois ne reflète-t-il pas simplement des préoccupations plus « économiques » ?

 

Bien sûr, des colonnes de voitures électriques aux marques incertaines parcourent les avenues (les spécialistes notent que plus de 150 marques chinoises ont envahi le marché domestique et sont engagées dans une féroce guerre des prix).

 

Mais, dans les ruelles des hutongs et des quartiers commerciaux, beaucoup des bars, des galeries et échoppes improvisées qui les animaient ont disparu. Les constructions de gratte-ciels et de centres commerciaux démesurés, qui nourrissaient l’activité immobilière et la croissance du PIB, semblent au point mort. Quant aux « malls » historiques, ils sont désertés, cannibalisés par le commerce en ligne dont les citoyens chinois sont devenus d’insatiables adeptes.

 

Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est l’ambiance pittoresque et animée des parcs publics. Grace aux bicyclettes en libre-service disponibles à tous les coins de rue, leur découverte est à portée de tous pour une somme dérisoire, pourvu que l’on soit en mesure de régler la location avec son smartphone, ce qui n’est tout de même pas à la portée de tout visiteur de passage...

 

Les parcs publics continuent donc à rassembler les badauds de plusieurs générations de citadins recherchant la quiétude ou des partenaires de badminton.

 

Mais certains parmi ces promeneurs semblent fatigués émotionnellement. Même la joie de se retrouver dans les restaurants semble atténuée. Alors que la Chine est plus puissante que jamais dans ses domaines industriels traditionnels mais aussi dans les nouvelles énergies, le sentiment d'une ascension inéluctable du pays semble s’être estompé.

Il est difficile de réaliser à quel point le secteur privé chinois - qui produit pourtant environ 50% du PIB national et représenterait 80% de l’emploi urbain - a été ébranlé par la crise.

 

On apprend ainsi assez vite que l’inquiétude grandissante de la Chine tient en fait à la soudaine mauvaise santé du secteur immobilier. Le boom des 20 dernières années, marqué par une ascension constante des prix, semble terminé. Or, l’immobilier c’est 30% du PIB du pays et cela représente 60% de la fortune des foyers.

 

Cette décélération des trois dernières années a affecté plusieurs générations qui n’ont jamais connu que des améliorations de leur niveau de vie. En y regardant de plus près pourtant, cela fait presqu’une décennie que l’économie décélère. C’est la raison du questionnement.

Une inquiétude s’est installée dans les esprits, il faudra des efforts redoublés des autorités pour convaincre à nouveau ses concitoyens et les investisseurs étrangers que le pays peut renouer avec ses ambitions affichées avant la crise. Au deuxième trimestre 2023, selon un grand établissement financier, les investissements directs étrangers sont tombés à leur plus bas niveau en vingt-six ans. Souhaitons que le coup de blues des citoyens et de l’économie ne soit que temporaire.

Une mission en Chine à l’occasion du 10eme anniversaire du programme des « routes de la soie ».

André De Bussy, membre du comité exécutif d'Asia Centre

 

 Asia Centre a en effet répondu à l’invitation de l’Ambassade de Chine en France à se rendre en Chine du 15 au 22 octobre, à l’occasion de la célébration du 10ème anniversaire du programme « la ceinture et la route » (Belt and Road Initiative). 

 

La délégation de huit personnes était conduite par l’ancien ministre Christophe Castaner entouré de deux parlementaires et de représentants de la société civile : économistes, journalistes, chercheurs, entrepreneurs. Nous avons tout d’abord été reçus le premier jour par le Vice-président de l’Assemblée Nationale Populaire M. LI Hongzhong, puis le Directeur de l’Institut des Affaires Étrangères du peuple chinois (CPIFA) M. WANG Chao. Le second jour accueil par le Vice-ministre du département international du Comité central du Parti Communiste, M. GUO Yezhou. Au cours de tous ces entretiens très formels les bonnes nouvelles concernant la Chine nous ont été annoncées :  

 

L’ensemble de nos interlocuteurs ont rappelé les éléments suivants : 

 

Sur le plan politique :  visite du Président Macron en mars 2023 marquant l’importance des relations entre nos deux pays, rappel du 60eme anniversaire des relations diplomatiques France-Chine qui sera célébré en grandes pompes en 2024 (un partenariat Versailles-Cité interdite ou encore Pompidou-Musée national). Enfin, la célébration du 10ème anniversaire des BRI qui marque un succès de la politique internationale de la Chine sous la conduite de son Président. Nous souhaitons privilégier le multilatéralisme. Nous souffrons de la désinformation concernant la Chine et notamment du boycott américain dans le domaine des nouvelles technologies, des semi-conducteurs. En revanche nos interlocuteurs ont soigneusement évité d’évoquer le conflit Russie-Ukraine, ainsi qu’Israël-Palestine, les mots de Taiwan et Hong Kong n’ont jamais été prononcés.  

 

Sur le plan économique ils nous ont indiqué qu’après la période du COVID19 qui fut douloureuse (aucun mot sur la façon dont la crise a été traitée). La croissance reprenait à un niveau de 5%, ce que beaucoup de pays nous envient, nous privilégions à présent la croissance verte, des produits de meilleure qualité respectueux de la nécessaire transition écologique, priorité à la décarbonation. Exemple a été donné de la création du Centre franco-chinois de neutralité carbone. Grand succès de la voiture électrique tant sur le marché domestique qu’à l’étranger. De même nous observons une baisse du chômage, une stabilité des prix à la consommation. Concernant le secteur immobilier nous prenons toutes les mesures nécessaires afin de résorber le surplus, par une facilitation de l’accès au crédit bancaire. En aout nous avons pris une série de 24 mesures afin de faciliter l’accès au marché chinois des entreprises françaises. 

 

Mardi 17 octobre nous avons assisté à la conférence des CEO du Sommet des BRI, nous étions de simples observateurs vu qu’aucun pays européen ne signait d’accords à cette occasion, les derniers engagements avec l’Italie touchant à leur terme. 

 

Mercredi 18 octobre était le grand jour de cet anniversaire en présence du Président XI Jinping, la France était représentée officiellement comme à l’habitude par Jean-Pierre Raffarin. Celui-ci devait quitter la salle lors de l’arrivée du Président Putin. A noter que le seul chef de gouvernement européen présent était Viktor Orban. Nous n’avons donc pas assisté à cette séance dont la presse chinoise rendit compte le lendemain en annonçant notamment l’augmentation des investissements passant de 40 à 100 milliards de dollars. 

 

La seconde partie de notre programme se déroulait à Canton et Shenzhen et nous a conduit du Port de Canton/Nansha, à la centrale nucléaire de Da Ya Bay, à l’usine du constructeur de véhicules électriques BYD enfin au siège de Huawei à Bantian. Le niveau de développement de ces entreprises a atteint les standards internationaux. Les cadres rencontrés sont jeunes, beaucoup de femmes, parfaitement anglophones et très libres dans leur prise de parole. Huawei avait pris soin de faire venir une partie de leur état-major de Boulogne-Billancourt afin de célébrer le 20ème anniversaire de leur présence en France.

 

Commentaire général : nul doute que la Chine a fait d’énormes progrès en sortant plus de 400 millions de gens de la pauvreté. Il suffit de se déplacer dans le pays pour constater le développement des infrastructures, autoroutes, réseau ferroviaire, des trains à haute vitesse partout, des aéroports internationaux, mise en service d’un avion commercial de fabrication chinoise. La Chine a atteint un niveau de sophistication technologique tel qu’à présent les occidentaux lui achètent ses brevets. Mais comme dans tout pays, il faut également voir le degré d’insatisfaction sociale, avec un chômage notamment chez les jeunes avoisinant les 40%, un appauvrissement des classes moyennes après les années COVID, un vieillissement de la population qui aura des répercussions économiques mais aussi sociales. Les femmes ne se marient plus et privilégient leurs carrières. Une augmentation sensible du taux de suicide notamment dans les classes moyennes endettées ne pouvant faire face à leurs engagements. Une certaine désillusion face au pouvoir politique qui se durcit et ne laisse pas de place à l’expression populaire. Le temps n’est plus où l’on se contentait de consommer et de s’enrichir. L’avenir est dans les jeunes, mais s’ils ne peuvent pas s’exprimer politiquement comment s’exprimeront-ils ? 

ACTIVITES RECENTES

Asia Trends 9

Le numéro 9 de la revue Asia Trends met en lumière des événements majeurs en Asie. Cette édition comprend des contributions importantes comme celles du Pr Schichor sur la Chine moderne, de Pierre Andrieu sur la relation Chine-Russie, et de Florian Veslin et Camille Schischmanoff sur le G20 de Bali et le rôle croissant de l'Asie dans la gouvernance mondiale. Une contribution récente de Jean-Luc Racine discute du nouveau rôle de l'Inde. L'édition souligne également le travail de la nouvelle génération de chercheurs, dont Samira Grotto qui explore la situation en Afghanistan.

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Upcoming event: The role of Taiwan in Europe-Asia Relations. 

Jean-François Di Meglio will take part in this meeting in Taiwan on November 17th 2023

Pessimism in China : implication for Xi’s leadership - October 26th

Kjeld Erik Brødsgaard holds the position of Professor of China Studies within the Department of International Economics and Management at Copenhagen Business School.

Jean-Pierre Cabestan, Associate Researcher at Asia Centre as well as at the Centre d’Études Français on the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China, is an emeritus senior researcher at CNRS attached to the French Research Institute for East Asia (IFRAE) at INALCO debate about the Taïwan’s pre elections campaign throughout the following subjects.