guerra a Ucraïne : la situatió es tensa a Moldàvia

| De notre correspondant à Bucarest | vendredi 29 avril 2022

La Transnistrie profite des « attaques terroristes » sur son sol pour renforcer sa militarisation et sa frontière avec la Moldavie, qui est devenue la cible de déclarations belliqueuses en provenance de Russie. Jusque-là concentrées à ne froisser personne, les autorités moldaves commencent à changer de ton et promettent qu’elles se défendront en cas d’attaque.

Par Florentin Cassonnet

Des hommes armés sont dans les rues, les entrées et sorties des villes sont surveillées et des blocs de béton sont apparus sur certaines routes pour former des checkpoints : les incidents des derniers jours ont incité les autorités de la République autoproclamée de Transnistrie à passer en « code rouge » sécuritaire pendant 15 jours, ce qui signifie une augmentation de la militarisation dans la région séparatiste déjà fortement militarisée.

Pour rappel : le siège des services de sécurité de Transnistrie, établi à Tiraspol, a été attaqué au lance-roquette lundi 25 avril et le lendemain deux antennes d’une station de communication situées à Maiak ont été détruites. Mercredi 27 avril, des coups de feu auraient été tirés à Cobasna, près de la frontière ukrainienne, où se trouve le plus grand dépôt d’armes soviétiques d’Europe (au moins 20 000 tonnes de matériel militaire y seraient stocké).

Quelques jours plus tôt, le 21 avril, le ministère de la Défense de Transnistrie avait ordonné la mobilisation de tous les hommes de 18 à 55 ans « pour renflouer le contingent de maintien de la paix ». L’ordre a été rendu public par Ukrainskaya Pravda une semaine plus tard. Tiraspol n’a pas confirmé, mais cela semble indiquer que la république séparatiste, soutenue par la Russie mais reconnu par personne, se préparait avant les « attaques terroristes » de ces derniers jours. Accusée, l’Ukraine dément en être à l’origine. Pour Kiev, il s’agit d’opérations sous fausse bannière des services secrets russes visant à « déstabiliser la Moldavie ».

Depuis, Chișinău constate une « restriction exagérée et injustifiée de la libre circulation des personnes, avec un renforcement des points de contrôle non autorisés sur la ligne administrative ». Mais si, comme le dit Tiraspol, les attaques viennent d’Ukraine, pourquoi la Transnistrie se barricade-t-elle contre la Moldavie ? Il semble que, comme ce fut le cas pendant la pandémie, les autorités de Transnistrie se servent des récents évènements comme prétexte pour accélérer le processus de « frontiérisation » et renforcer de facto leur autonomie.

Chișinău commence à changer de ton

Ces incidents arrivent quelques jours après que des représentants militaires et politiques russes ont commencé à cibler la Moldavie dans leur rhétorique guerrière. Par exemple, Viktor Vodolatsky, vice-président de la commission des affaires inter-ethniques à la Douma russe, le 23 avril : « Nous avons des citoyens vivant en Transnistrie. Comme ceux de Louhansk et de Donetsk, ils veulent un avenir sûr avec la Russie. Nous ne devons pas laisser [Maia] Sandu et ses commis roumains déclencher aujourd’hui une nouvelle guerre contre la Transnistrie. Tout ce nazisme qui a pris racine à côté de nous a besoin d’être détruit, déraciné et oublié pendant de nombreuses années ».

« Ces tensions se produisent sur un territoire non contrôlé par les autorités constitutionnelles, mais c’est le territoire de la République de Moldavie et nos citoyens y vivent », a déclaré la présidente Maia Sandu, qui a assuré que le gouvernement moldave « ne prévoyait pas un blocus de la région » et recherchait toujours un règlement pacifique du conflit gelé depuis 30 ans.

Dans le même temps, on constate un changement de ton côté moldave. Pour la première fois, le 28 avril, le ministre de la Défense Anatolie Nosatii a assuré que l’armée fera « tout son possible pour défendre le territoire, l’intégrité et la souveraineté du pays ». « Nous sommes prêts à tout faire pour défendre notre pays », a déclaré de son côté le président du Parlement. Après l’Ukraine, la Russie va-t-elle aussi forcer les Moldaves à se battre pour leur pays ?