la "minoria" turca de la Tràcia grega vota per Syriza

I Kathimerini

Grèce : la minorité musulmane de Thrace a plébiscité Syriza

Traduit par Laurelou Piguet

 

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Mise en ligne : jeudi 29 janvier 2015
C’est un plébiscite : Syriza arrive en tête dans les trois circonscriptions de Thrace occidentale (Evros, Rodopi et Xanthi), et obtient même son meilleur score national dans la région de Komotini (48,5%). Pour la première fois, la minorité musulmane n’a pas voté en fonction de critères religieux et envoie trois députés Syriza au Parlement. Du jamais vu depuis 1923.

Par Yannis Papadopoulos

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Le docteur Mustafa Mustafa, député Syriza de Komotini

La semaine qui a précédé les élections, l’ancien député Pasok de la circonscription de Rodopi, Ahmed Chatziosman a rompu le silence. Il est apparu dans une émission de télévision turque avec deux candidats du Syriza, tous deux représentants de la minorité musulmane, ce qui a été interprété en Thrace comme un soutien implicite et un clin d’oeil adressé à la communauté pour qu’elle soutienne Syriza.


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Certes, il n’a pas dit ouvertement « Votez Syriza ! », mais a déclaré que, selon lui, « Syriza serait le vainqueur ». Après avoir renoncé lui-même à se présenter, Ahmed Chatziosman, membre fondateur du parti de l’Égalité, la paix et l’amitié, considéré comme un soutien de l’AKP d’Erdoğan en Turquie, avait réuni des milliers de voix autour de ses candidatures précédentes. Tout le monde se demandait comment allaient se comporter ses électeurs.

Traditionnellement, pour s’assurer une représentation au Parlement, la minorité de Thrace vote en faveur du parti qui a le plus de chances de l’emporter. Finalement, quatre députés Syriza ont été élus sur les deux circonscriptions, dont trois issus de la minorité turque : Hussein Zeïbek à Xanthi, Mustafa Mustafa et Aïchan Karayoussouf à Rodopi.

Syriza a réalisé son meilleur score national à Rodopi (avec 48,45% des voix), de même que To Potami, qui n’a pas remporté de siège. Les deux candidats de la minorité ont réuni 72% des votes Syriza, et ont dépassé les scores obtenus par le parti en juin 2012. Pourtant, les candidats Syriza avaient refusé les reports de voix venus d’Ahmed Chatziosman, au motif que l’ancien député avait voté en faveur du mémorandum et était soutenu par la Turquie. En 2012, son parti avait réuni 14 000 voix à Rodopi ; cette année, à peine 1 600 électeurs ont choisi de voter pour le Pasok. Syriza a vu son score passer de 13 600 voix en 2012 à 30 000 cette année.

Pendant la campagne, un des collaborateurs d’Aïchan Karayoussouf avait déclaré : « le critère sur lequel vont se décider les électeurs de la minorité, ce sera la crise économique. » Selon lui, et contrairement aux habitudes électorales traditionnelles, la religion ne serait pas l’élément déterminant des électeurs de la minorité ni de la majorité, car « quand on a faim, même si on est un bon croyant », les priorités sont ailleurs. Pourtant, pendant la campagne en Thrace, candidats de la minorité et de la majorité avaient abordé le thème de la représentation des chrétiens et des musulmans au Parlement. Même si le député Nouvelle-Démocratie Euripidis Stylianidis explique avoir essayé de convaincre les jeunes musulmans de ne pas voter uniquement en fonction de la religion, il reconnaissait qu’il s’adressait avant tout à la population chrétienne, accusant le consulat turc de manipuler l’électorat musulman. Il a réussi à se faire réélire malgré la chute de 7 points qu’accuse son parti sur cette circonscription.

L’élection de trois députés de la minorité en Thrace sous la bannière du même parti est un événement. La chaîne turque TRT a parlé d’« une nouvelle époque pour la minorité turque de Grèce ». Le gouvernement Tsipras a pris néanmoins le risque de décevoir ces attentes en accordant le ministère de la Macédoine et de la Thrace à une figure des Grecs indépendants, Maria Kollia-Tsaroucha.