Lituanie: Un partenariat privilégié avec la Suède et l’ombre portée de la Russie

Lituanie: Un partenariat privilégié avec la Suède et l’ombre portée de la Russie
Par Céline Bayou (sources: The Baltic Course, The Lithuania Tribune, LETA, Service de presse de la Présidence lituanienne), regard.est

Le 10 avril 2014, les ministres lituanien et suédois des Affaires étrangères, Linas Linkevičius et Carl Bildt, ont signé à Stockholm un accord établissant la frontière maritime entre les deux pays. Cet accord délimite le plateau continental et porte création d’une zone économique spéciale. Les protagonistes se sont félicités de cet événement qui scelle leur bon voisinage. Si la frontière n’est pas longue (15 kilomètres), cet accord est surtout important en termes géopolitiques, a noté L.Linkevičius. Il marque en outre l’étape finale de délimitation de toutes les frontières de la Lituanie. Chaque pays pourra donc désormais très clairement développer des activités économiques et halieutiques dans la zone qui lui revient, qui sera elle-même traversée par le câble électrique NordBalt qui doit relier les deux pays.

En marge de cet accord, les deux ministres ont évidemment évoqué la situation en Ukraine et les possibilités d’aider ce pays, mais également les questions de sécurité dans la région de la mer Baltique, notamment la militarisation de l’enclave russe de Kaliningrad et l’inacceptable démonstration de force militaire à laquelle se livre actuellement la Russie aux frontières des pays baltes et scandinaves. Au cours de cette visite officielle, la Présidente lituanienne, Dalia Grybauskaitė, a évoqué ces questions avec le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt. Elle a notamment plaidé en faveur de la montée en puissance de la présence de l’Otan dans la région et de l’organisation d’exercices militaires conjoints avec les partenaires suédois et finlandais. En effet, la Suède, pays non-membre de l’Otan, prend part à un certain nombre d’initiatives de l’Alliance atlantique, au nombre desquelles des exercices militaires et des opérations internationales (elle participe notamment à une mission de surveillance aérienne en Islande, conjointement à la Finlande).

Sur le plan économique, la Présidente lituanienne n’a pas manqué de souligner le soutien apporté par la Suède à la Lituanie, notamment afin d’accroître son indépendance énergétique. Le câble de 450 km NordBalt relève évidemment de cette stratégie, de même que la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié qui devrait être achevée d’ici la fin 2014 à Klaipeda. La mise en place du câble LitPol avec la Pologne voisine devrait parachever ce nouveau marché nordique de l’électricité, Nord Pool Spot, et sécuriser les approvisionnements électriques d’une Lituanie qui, à l’heure actuelle, importe 70% de son électricité de Russie. Mais l’énergie n’est pas tout et l’on constate que de plus en plus d’entreprises lituaniennes cherchent des opportunités d’affaires en Suède, qui reste le premier investisseur étranger en Lituanie (loin devant la Pologne et l’Allemagne) et l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois dans le pays (11.000 salariés). Dans un contexte de plus en plus tendu avec la Russie, la Suède est clairement présentée par la chef de l’État comme un exemple type du modèle nordique, véhiculant des valeurs d’honnêteté, de respect mutuel dans le travail et les affaires, promoteur d’une culture économique porteuse de réussite. Les Lituaniens semblent déjà convaincus puisqu’un sondage récent montre que 62% d’entre eux perçoivent le modèle nordique comme un exemple à suivre pour leur pays.

Dépêche publiée le 12/04/2014