les autonomistes de Voïvodine se rebiffent

Le Courrier des Balkans
De notre correspondant
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Voïvodine : une autonomie contestée
Mise en ligne : jeudi 31 janvier 2013
République de Voïvodine ? Voïvodine libre ? Le courant séparatiste de la province septentrionale serbe se fait entendre et le V de la Voïvodine fleurit sur les affiches comme le V de la victoire. En cause : une campagne prônant l’abolition de l’autonomie de la province, et – autre pomme de discorde – la destination des bus de Novi Sad qui ne s’affichera désormais plus qu’en cyrillique. Une initiative du Parti progressiste de Serbie (SNS) qui n’a pas l’heur de plaire aux autonomistes.

Par Philippe Bertinchamps

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(Beta)

« République de Voïvodine – Pour une Voïvodine libre », peut-on lire depuis lundi sur des affiches vertes et bleues placardées dans les rues de Novi Sad.


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Ces affiches ont été collées sur celles de Treca Srbija, un parti qui milite pour l’abolition de l’autonomie de la Voïvodine, proclamant « Novi Sad – capitale de la Serbie ».

Plus tôt en janvier, le Parti progressiste de Serbie (SNS), qui a ravi la mairie de Novi Sad au Parti démocratique (DS) en septembre 2012, quatre mois après les élections municipales, a décidé que la destination des quelque 200 bus de la ville ne s’afficherait désormais plus qu’en cyrillique, en remplacement de l’alphabet latin. Une façon de préserver la Constitution et les lois serbes, a indiqué le SNS.

Or, l’usage de l’alphabet latin est important en Voïvodine, à cause des 250.000 Hongrois et autres minorités qui y vivent. Quatre langues sont officiellement en usage à Novi Sad : le serbe, le hongrois, le slovaque et le ruthène.

L’autonomie en question

Les tensions sur l’avenir de la Voïvodine ont commencé en juillet dernier quand la Cour constitutionnelle a contesté 22 dispositions du nouveau statut de la province, pourtant validé par le Parlement serbe.

Ces dispositions prévoyaient notamment que Novi Sad serait nommée « capitale » de la province septentrionale serbe et que la Voïvodine ouvrirait un bureau de représentation à Bruxelles.

Le Parti de Voïvodine a déclaré qu’il ne permettrait pas une nouvelle « révolution des yaourts », comme en 1988, quand la large autonomie dont jouissait la province a quasiment été abolie par Slobodan Milošević.

« Personne n’apprendra à la Voïvodine quelle est sa langue et son écriture, ni quelle est sa capitale. La Voïvodine n’est pas à vendre. Nous allons nous battre pour nos droits et notre identité par tous les moyens démocratiques possibles, car c’est le devoir de notre génération », a affirmé le parti dans un communiqué.

Le Parti de Voïvodine revendique des « relations égales entre la Serbie et la Voïvodine dans le cadre d’un État commun », autrement dit l’adoption d’une nouvelle Constitution où la Voïvodine sera définie comme une république au sein d’une Serbie fédérale.

À l’opposé, l’historien Čedomir Antić, membre fondateur du Parti progressiste (NK) – un think tank s’inscrivant dans le courant du Parti progressiste de Serbie de l’époque du Roi Milan Obrenović – a appelé à la formation d’un groupe parlementaire afin d’abolir purement et simplement l’autonomie de la province.