Poutine, le Groenland et le grand partage de l’Arctique: son discours en réponse à Trump

29 mars 2025 Doctrines de la Russie de Poutine

Pour Poutine, les Empires ont besoin d’un lebensraum

Trump peut prendre le Groenland — mais la Russie aussi a des plans pour son Arctique.

Une plateforme logistique, un grand centre industriel, des resorts touristiques de luxe : un espace à prendre pour de riches colons russes, en somme — Pôle Nord, Inc.

Nous le traduisons.

À l’occasion du VIe Forum arctique international, qui se tenait cette année à Mourmansk, Vladimir Poutine a partagé sa vision de l’avenir de l’espace arctique. 

Cette intervention confirme tout d’abord que le président russe est très loin de considérer les ambitions de Donald Trump à l’égard du Groenland comme une énième élucubration de son homologue étatsunien. Faisant un détour par les années 1860, Vladimir Poutine soulignait que l’annexion du Groenland était une revendication ancienne des États-Unis, qui avait même vu à plusieurs reprises un début de mise en œuvre. Est-ce à dire que, puisqu’elle est ancienne, cette revendication serait légitime  ? Le président russe ne se prononce pas à ce propos, soulignant simplement que cette question n’intéresse pas la Russie, puisqu’elle ne concernerait en définitive que deux pays  : les États-Unis et le Danemark. Il serait donc tentant de lire cette déclaration a contrario — c’est-à-dire comme un « faites ce que bon vous semble ». D’un autre côté, Vladimir Poutine indique que la Russie perçoit comme une menace la politique de l’OTAN lorsque ses pays membres multiplient les exercices militaires dans l’océan Arctique. Si les deux seuls pays ici évoqués sont la Suède et la Finlande, l’OTAN reste une organisation dominée par les États-Unis  : aussi voit-on mal comment la Russie pourrait donner carte blanche aux États-Unis pour leur politique expansionniste au Groenland tout en craignant une extension de l’OTAN dans l’Arctique.

Ce discours de Vladimir Poutine — que l’on attendait diplomatique et militaire — laisse surtout entendre que les intérêts de la Russie sont ailleurs. Pour le président russe, cette prise de parole avait avant tout vocation à adresser un signal à de potentiels partenaires économiques et commerciaux (à commencer par la Chine et les États du Golfe)  : la Russie a un territoire arctique considérable et insuffisamment exploité, le développement de ses infrastructures de transport maritime et de production industrielle exigerait des efforts de modernisation et de diversification qui ne sont pas aujourd’hui à la portée de l’État et des investisseurs russes  ; les entreprises qui décideraient de participer à ce grand projet de mise en valeur des routes du Nord ne doivent pas escompter des profits immédiats, mais les perspectives à long-terme sont extrêmement prometteuses.

Nous traduisons ici la première partie de ce discours, celle qui s’adresse explicitement aux partenaires — et aux adversaires — étrangers de la Russie.

Il faut toutefois conserver à l’esprit que ces appels aux partenariats internationaux se doublent d’un discours à destination de la population et des entrepreneurs russes. L’Arctique y apparaît alors comme une région sous-exploitée, que l’État russe entend mettre en valeur en exploitant les terres rares qui s’y trouvent, en y multipliant les industries liées au pétrole et au gaz, mais aussi en y favorisant les flux touristiques. On perçoit difficilement comment l’essor du « tourisme de masse », la création de stations de ski en Iamalo-Nénètsie, de complexes hôteliers en Carélie, et la modernisation des aéroports du Grand Nord, se feront au bénéfice des « enjeux climatiques et de la protection de l’environnement » que le président russe évoque plus tôt dans son discours. 

Force est surtout de constater la maigreur des annonces que Vladimir Poutine réserve à ces deux millions et demi d’habitants du Grand Nord russe. Si le président russe évoque des projets encore vagues de modernisation des conditions d’étude, de travail et de loisir dans la région, ainsi que des « plans d’envergure » pour les centres urbains de l’Arctique, son allocution laisse essentiellement transparaître l’état de déshérence économique et environnementale de la région, souillée de déchets métalliques et pétroliers, aux eaux pleines d’épaves attendant d’être repêchées, aux services médicaux distants et insuffisants, aux logements insalubres, à l’approvisionnement alimentaire instable et inégal. L’image de l’Arctique à venir est donc bien celle d’un centre industriel et logistique, où des Russes — des peuples premiers de l’Arctique, Nénètses, les Tchouktches, les Iakoutes ou les Komis, il n’est pas vraiment question ici — viendraient s’installer quelques années pour bénéficier de salaires mirobolants, ou qu’ils viendraient visiter en touristes dans les zones épargnées par la pétrochimie et l’extraction de gaz. Une certaine idée du russkij mir, donc.

Avant toute chose, je souhaiterais saluer tous les participants et les invités de ce VIe Forum international « L’Arctique, territoire de dialogue ». Pour la première fois, cette rencontre se déroule à Mourmansk, la capitale de l’arctique russe, une ville-héros qui, comme d’autres villes du grand Nord, connaît aujourd’hui un développement dynamique et porte des projets emblématiques pour l’ensemble de la Fédération.

Le titre de « ville-héros » désigne douze villes de l’Union soviétique s’étant illustrées dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs d’entre elles se trouvent aujourd’hui en Ukraine (Odessa, Kiev), en Crimée occupée (Sébastopol, Kertch) ou en Biélorussie (Minsk).

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La Russie est la plus grande des puissances arctiques. Elle a toujours défendu et continue de défendre l’idéal d’une coopération égalitaire dans la région, y compris en matière de recherche scientifique, de protection de la biodiversité, de gestion des enjeux climatiques et des crises, et enfin, bien sûr, de développement économique et industriel. Nous sommes prêts à travailler avec les États du cercle arctique, mais aussi, et plus largement, avec tous les États déterminés, comme nous le sommes, à prendre toutes les décisions nécessaires pour assurer à la planète un devenir stable et durable.

© Alexei Druzhinin/Pool Photo via AP

À notre grand regret, la coopération internationale dans les hautes latitudes a connu des heures plus sereines. Au cours des années passées, de nombreux pays occidentaux ont adopté une posture agressive, en rompant peu à peu tous leurs liens économiques et leurs échanges scientifiques, éducatifs et culturels avec la Russie. Le dialogue relatif à la préservation des écosystèmes arctiques s’est complètement enlisé. En effet, ces mêmes représentants politiques et chefs de partis, ces mêmes « écologistes » occidentaux qui répètent à leurs concitoyens et leurs électeurs à quel point les enjeux climatiques et la protection de l’environnement sont des problèmes vitaux, ceux-là mêmes adoptent, dans les faits, une politique concrète qui tire dans la direction opposée.

Je rappelle que le Conseil de l’Arctique avait précisément été fondé en vue de favoriser la coopération dans le domaine de l’environnement, de prévenir les situations de crise au-delà du cercle polaire et d’y apporter des réponses concertées. Aujourd’hui, ce mécanisme est totalement enrayé. Pourtant, nous n’avons jamais refusé de dialoguer dans ce cadre. Ce sont bien plutôt nos partenaires occidentaux, les États occidentaux, qui ont dégradé ces conditions d’échange. « Ce n’est pas la peine de se forcer », comme on dit. La Russie travaillera avec ceux qui sont décidés à agir.

En même temps, il est clair que le rôle et l’importance de l’Arctique ne cessent de croître, à la fois pour la Russie et pour la planète dans son ensemble. Malheureusement, cela s’accompagne d’une concurrence géopolitique accrue, d’une lutte toujours plus intense pour les positions stratégiques dans cette région. 

Il suffit de rappeler ici les plans — que personne n’ignore — des États-Unis concernant le rattachement du Groenland. Ces plans peuvent paraître étonnants à première vue, mais ce serait s’illusionner gravement que d’y voir des déclarations extravagantes issues des fantaisies de la nouvelle administration américaine. En réalité, les États-Unis nourrissent des ambitions de ce type depuis les années 1860 au moins. À cette époque, l’administration américaine envisageait déjà la possibilité d’une annexion du Groenland et de l’Islande, mais elle a manqué de soutiens du côté du Congrès pour mettre ce projet en exécution. 

Je rappelle d’ailleurs qu’en 1868, la presse américaine ironisait sur l’achat de l’Alaska. Elle qualifiait ce projet de « folie », parlait de cette région comme d’une « glacière » ou du « jardin des ours blancs d’Andrew Johnson », président des États-Unis à ce moment-là. Les plans relatifs au Groenland étaient donc condamnés, dans ce contexte, à échouer. Aujourd’hui, il ne fait guère de doute que les Américains portent un regard tout à fait différent sur cette acquisition de l’Alaska et sur l’action du président Andrew Johnson.

Ce qui se passe aujourd’hui n’est donc pas pour nous étonner, d’autant plus que l’histoire ne s’est pas arrêtée là. En 1910, par exemple, un accord tripartite avait été mis au point, prévoyant des échanges de territoires entre les États-Unis, l’Allemagne et le Danemark. Si cet accord était allé jusqu’au bout, il aurait abouti au rattachement du Groenland aux États-Unis.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont installé des bases militaires sur le territoire du Groenland pour empêcher que les nazis s’en emparent et, après la guerre, ils ont même proposé au Danemark d’acheter l’île. Nous parlons donc d’une période tout à fait récente, à l’échelle de l’histoire mondiale. 

En somme, les plans actuels des États-Unis sont on ne peut plus sérieux. Leurs ambitions concernant le Groenland sont anciennes, elles ont des racines historiques profondes, et il est clair que les États-Unis ont l’intention de continuer à promouvoir systématiquement leurs intérêts géostratégiques, militaro-politiques et économiques dans la zone arctique.

Or, la question du Groenland concerne deux pays concrets. Elle ne nous concerne pas directement. La seule chose qui nous préoccupe est de voir que les pays de l’OTAN, dans leur ensemble, considèrent de plus en plus le Grand Nord comme un théâtre de potentiels conflits, qu’ils y organisent des exercices militaires, aux côtés notamment des derniers venus de l’Alliance, la Finlande et la Suède — deux États avec lesquels, soit dit en passant, nous n’avions aucun problème jusqu’à une période toute récente. 

L’exercice Dynamic Front 25 a effectivement eu lieu en Finlande, au-delà du cercle polaire arctique, en novembre 2024. Il a rassemblé environ 4 000 soldats de l’OTAN pour des manœuvres d’artillerie à tir réel dans l’environnement extrême du champ d’entraînement de Rovajärvi, à une centaine de kilomètres donc de la frontière russe.

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Ces problèmes, ils les fomentent d’eux-mêmes, de leurs propres mains. À quelle fin  ? On l’ignore. Nous n’en partons pas moins du postulat qu’ils existent désormais et qu’il nous appartient d’agir en conséquence.

Je le souligne  : la Russie n’a jamais menacé qui que ce soit dans l’Arctique. Nous suivons toutefois avec une grande attention les évolutions de la situation et élaborons les stratégies de réplique correspondantes, en renforçant les capacités de combat de nos Forces Armées et en modernisant les supports de notre infrastructure militaire. 

Nous ne tolérerons aucune atteinte à la souveraineté de notre pays et sommes prêts à défendre fermement nos intérêts nationaux. En promouvant la paix et la stabilité au-delà du cercle polaire, nous assurerons le développement socio-économique durable de la région, une amélioration du niveau de vie des populations et la préservation de son environnement naturel unique.

Plus nous affermirons nos positions et atteindrons des résultats convaincants, plus nous aurons de marge de manœuvre pour lancer des grands projets internationaux en Arctique, comprenant la participation de pays amis, d’État bien disposés vis-à-vis de nous — y compris, peut-être, d’États occidentaux, s’ils manifestent un quelconque intérêt pour ces perspectives de coopération. Ce moment viendra, cela ne fait aucun doute.

La zone arctique représente plus d’un quart du territoire de la Fédération de Russie. Y résident et travaillent presque deux millions et demi de nos concitoyens, qui portent le pays vers l’avant. On estime ainsi que l’Arctique représente à lui seul 7 % du PIB de la Russie et jusqu’à 11 % des exportations. Dans ce contexte, nous ne pouvons ignorer les perspectives colossales de développement qui s’offrent à la région. De ce point de vue, l’un des axes les plus essentiels est le renforcement des infrastructures logistiques et de transport.

La fonte progressive des glaces ouvre, on le sait, des potentialités inédites d’exploitation. La première d’entre elles concerne le transport maritime, qui se divise entre deux routes : le passage du Nord-Ouest, à travers les détroits de l’archipelcanadien, et le passage du Nord-Est, le long des côtes de la Fédération de Russie. Si le premier a été assez peu emprunté par le passé, le second a fait l’objet d’investissements considérables sous l’Union soviétique, qui y envoyait, à l’acmé de l’exploitation de cette route, une flotte de 300 navires par an, circulant en convoi derrière un brise-glace. Pour la Russie, le gain est considérable, puisqu’un passage par l’Arctique divise par deux la liaison Vladivostok-Mourmansk — 13 000 milles par le canal de Suez.

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Au cours des dix années passées, le trafic de marchandises sur la Route maritime du Nord [Sevmorput’], du détroit de Kara à celui de Béring, n’a cessé de croître  : de seulement 4 millions de tonnes de marchandises en 2014, soit tout récemment encore, nous sommes passés l’an dernier à près de 38 millions de tonnes — cinq fois plus que le record jamais enregistré sous l’Union soviétique. Nous estimons, et nous n’avons aucune raison de penser le contraire, que ce volume atteindra les 70 à 100 millions de tonnes aux environs de l’année 2030.

Toutefois, les ambitions que nous nourrissons pour la flotte arctique vont bien au-delà, en termes de volume et d’échelle. La Route maritime du Nord doit devenir un axe clef du Corridor de transport transarctique reliant Saint-Pétersbourg à Vladivostok par Mourmansk. L’objectif consiste à connecter les principaux centres industriels, agricoles et énergétiques de la planète aux centres et marchés de consommation par une voie plus courte, plus sûr et plus rentable. Tout le monde en parle  ; tout le monde écrit là-dessus, à l’Est comme à l’Ouest  ; tous les experts saisissent parfaitement la nature des enjeux.

Quels sont ici les objectifs prioritaires  ? Tout d’abord, la Russie possède à l’heure actuelle la plus grande flotte de brise-glaces au monde, mais nous devons renforcer cette position en mettant en service des navires de nouvelle génération, y compris des brise-glaces atomiques que nous sommes actuellement les seuls à posséder — aucun autre pays ne possède à ce jour une flotte de cette envergure. Quatre d’entre eux, issus de la toute nouvelle série 22220, sont déjà en service en Arctique  ; trois autres brise-glaces nucléaires de cette même série sont en cours de construction (il s’agit des navires Tchoukotka, Leningrad et Stalingrad), tandis que l’on attend la livraison du superpuissant brise-glace Russie, de 120 mégawatts, qui permettra d’accompagner plus efficacement les navires à fort tonnage dans les hautes latitudes et tout au long de l’année, en toute saison. De plus, la Russie, en tant que puissance souveraine, doit disposer de sa propre flotte commerciale en Arctique  : des navires de transport et de secours qui assureront les expéditions par les mers du Nord et les voies navigables intérieures des régions arctiques. 

Force est de reconnaître que, pour l’heure, nos capacités propres de construction navale ne suffisent pas à remplir ces objectifs. Aussi devons-nous agir sur tous les fronts  : acquérir et commander de nouveaux navires prêts à l’emploi, établir des coopérations avec les principaux constructeurs internationaux et, plus largement, réorganiser l’ensemble du secteur russe de la construction navale autour des défis stratégiques qui se dessinent devant nous. 

© Alexei Druzhinin/Pool Photo via AP

Par ailleurs, si des compagnies maritimes russes consacrées au transport des produits pétroliers et du gaz naturel liquéfié opèrent déjà dans les mers du Nord, il est temps désormais de créer des conditions favorables au développement d’opérateurs nationaux efficaces, capables de prendre en charge le transport de conteneurs, de charbon, de vrac et d’autres types de fret à travers l’Arctique. Ici encore, nous sommes ouverts aux propositions de création d’entreprises binationales. Il pourrait s’avérer fructueux pour les opérateurs logistiques internationaux d’y investir, non seulement du capital et des technologies, mais aussi une partie de leurs propres navires marchands.

Enfin, nous avons prévu d’augmenter rapidement la capacité des ports russes du Grand Nord en recourant à des mécanismes modernes, respectueux de l’environnement — notamment des technologies de pilotage automatique pour le traitement des cargaisons. La construction de nouveaux terminaux et l’extension des moyens ferroviaires devraient permettre de doubler les capacités du hub de Mourmansk au cours des trois années à venir. J’ajoute à ce propos que nos partenaires de Biélorussie, de Chine, des Émirats arabes unis et d’autres pays ont d’ores et déjà exprimé le plus vif intérêt pour ce projet et, plus généralement, pour les perspectives de développement de l’infrastructure de transport de l’Arctique, particulièrement prometteuses pour les entreprises.

Nous planifions enfin la création d’importants hubs multimodaux destinés à devenir les principaux centres logistiques du Corridor transarctique. Ceux-ci n’auraient pas seulement vocation à organiser les convois maritimes et à traiter les cargaisons russes et internationales, mais aussi à accueillir des plateformes industrielles de production.

En vue de maximiser la stabilité logistique du Corridor transarctique, je demande instamment au Gouvernement d’établir un plan d’augmentation de la capacité des ports maritimes existants dans l’Arctique et de déterminer la localisation souhaitable de nouveaux ports et le rythme auquel ces nouvelles infrastructures devront voir le jour. Je souligne tout particulièrement la nécessité de relier ces ports en eau libre au réseau ferroviaire du pays.

Cela signifie, du même coup, que nous devons mettre en œuvre un projet de développement du « Polygone » ferroviaire arctique, à l’image du « Polygone » oriental, qui comprend la BAM et le Transsib, ce qui suppose de moderniser le chemin de fer du Nord dans la République des Komis et le district autonome de Iamalo-Nénètsie. 

La « BAM », ou Magistrale Baïkal-Amour, relie Taïchet, dans l’oblast d’Irkoutsk, à Sovetskaïa Gavan, dans l’Extrême-Orient russe, tandis que le « Transsib » ou Transsibérien, autrement célèbre, relie Moscou à Vladivostok, en passant lui aussi par Taïchet.

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Quelles possibilités s’ouvriront alors  ? La Sibérie, l’Oural, les régions du Nord-Ouest bénéficieront d’un accès direct au Grand Nord, aux ports arctiques, ce qui permettra d’alléger la charge pesant sur le Transsibérien et de tirer profit plus efficacement du transport maritime. De plus, le corridor « Nord-Sud » qui relie la Russie aux pays d’Asie Centrale et du golfe Persique, connaîtra alors de nouveaux débouchés vers l’Arctique.

Bien entendu, le développement de cette Route transarctique suppose d’exploiter tout le potentiel des voies navigables intérieures de l’Arctique, à commencer par nos grands fleuves  : la Léna, l’Ienisseï, l’Ob. Nous nous donnerons ainsi les moyens de renforcer le système de ravitaillement du Nord, qui assure aux habitants de l’Arctique un approvisionnement fiable, notamment au niveau alimentaire.

Naturellement, la mise en œuvre de ces projets ambitieux devra s’appuyer sur les ressources de l’État, des régions et des entreprises — y compris celles des banques privées comme de celles à participation publique. Il faudra également mobiliser tout le potentiel du marché financier intérieur pour orienter les flux de capitaux vers les infrastructures arctiques. 

Oui, ces projets sont difficiles et coûteux. Ils n’offrent guère de perspective de profit à court terme. Néanmoins, ce sont les projets de cette envergure qui garantissent à la Russie une véritable souveraineté en matière de transports. Je suis par ailleurs convaincu que si nos partenaires étrangers décident de rejoindre ce projet, ils s’assurent des retours sur investissement très avantageux et, surtout, inscrits dans le temps long.

 
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