Macron à Nouméa

 

MACRON À NOUMÉA

COUCOU PRÉSIDENTIEL. A l’heure où vous lisez ces lignes, notre bon Président est toujours enfermé, depuis hier soir (heure de Paris) et jusqu’à demain matin (heure de Nouméa), dans une carlingue en métal en direction de la Nouvelle-Calédonie. Sont montés dans le coucou officiel de la République, outre Emmanuel Macron : les ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Marie Guévenoux (Outre-mer) et Sébastien Lecornu (Défense), mais surtout une “équipe de contact” (selon le parler officiel de l’Elysée), dont Playbook peut vous dévoiler la composition.

Rémi Bastille, Frédéric Potier et Eric Thiers sont les trois haut fonctionnaires chargés de “retisser les fils de la société néo-calédonienne”, dit-on en langage de communicant élyséen. En clair, d’échanger avec un maximum d’acteurs de l’archipel pour trouver une solution politico-institutionnelle aux émeutes qui ont causé la mort de six personnes.

Who’s who. Le premier, préfet du Doubs, a suivi le dossier calédonien de 2017 à 2024, notamment au ministère des Outre-mer, et, sur place, auprès du haut commissaire de la République. Il en parlait ici. Le second (Frédéric Potier, donc), en poste à la RATP, fut conseiller Outre-mer à Matignon sous Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve. Quant à Eric Thiers, directeur de cabinet de la ministre Nicole Belloubet, il a planché sur la Nouvelle-Calédonie en tant que conseiller Institutions d’Emmanuel Macron, entre 2022 et 2024.

POUR QUOI FAIRE. Un proche du PR voulait, au mitan de la nuit, voir dans ce casting “un vrai symbole” : “il ne nomme pas une nouvelle mission, avec des personnalités politiques avec qui on en reprendrait pour six mois, un an.”

En d’autres termes : il faut avancer vite. Certes le chef de l’Etat adoptera une “posture d’écoute”, promettait un conseiller élyséen. Mais pas question, pour l’heure, de reporter le Congrès, prévu fin juin pour entériner le projet de loi constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres. Sauf si Macron obtenait la certitude qu’un accord entre indépendantistes et loyalistes peut être trouvé rapidement. “Il ne veut pas tomber du côté de l’immobilisme”, estimait le proche évoqué plus haut.

Exit, au passage, l’hypothèse d’un recours à Edouard Philippe que d’aucuns appelaient de leurs voeux (on vous en causait hier). L’option aurait été un sacré cadeau politique à celui qui rêve d’être l’homme providentiel de 2027 et aurait pu, ainsi, tenter d’être dès aujourd’hui celui de la Nouvelle-Calédonie. L’ex-PM, silencieux jusque-là, a exhorté hier soir Macron à faire des annonces “à la hauteur de la situation”.

Les PQ et la feuille de route. Le trio de “PQ” (pour “personnalités qualifiées” dit-on dans certains ministères, a découvert hier avec stupéfaction votre infolettre) devrait stationner sur le Caillou plus longtemps que le PR. Lui ne prévoit pour l’heure qu’un touch-and-go : il envisage de redécoller dès jeudi soir. Sans toutefois s’interdire de prolonger son séjour. En milieu de journée, la communication interne au gouvernement évoquait d’ailleurs “un retour entre samedi soir et dimanche”.

À noter : Emmanuel Macron devrait en tout cas rentrer à temps pour sa visite d’Etat en Allemagne, qui débute dimanche. “Il y a aussi la finale de la Coupe de France”, samedi soir, a rappelé, sans rire, l’un de ses interlocuteurs à votre serviteure.

À noter bis : l’entourage présidentiel prévoit en outre des annonces sur le plan économique, pour soutenir l’effort de reconstruction face à des dégâts estimés à plusieurs centaines de millions d’euros.

ET ATTAL DANS TOUT ÇA ? A peine le voyage du PR était-il dévoilé que BFMTV apprenait opportunément que le Premier ministre se rendrait aussi en Nouvelle-Calédonie, après les élections européennes.

L’hypothèse que Gabriel Attal, plutôt qu’Emmanuel Macron, fasse le déplacement, a un temps existé, a-t-on ouï dire. Mais le chef de l’Etat “a une connaissance très aigüe des acteurs”, a justifié l’un de ses proches dans la nuit. Pour mieux souligner l’inexpérience du chef du gouvernement en la matière, penseront les mauvais esprits.

“C’est la course à l’échalote”, a gloussé un communicant de la majorité en découvrant ces annonces, assis devant un café avec Playbook. Il ne pouvait s’empêcher de noter, aussi, que les premiers pas d’Emmanuel Macron en terre calédonienne interviendraient le jour même du débat télévisé entre Gabriel Attal et Jordan Bardella.

Chacun sa route. C’est d’ailleurs à cette échéance que le PR a renvoyé le chef du gouvernement, lors du Conseil des ministres d’hier, selon un participant. “Vous avez un débat jeudi contre une tête de liste”, a déclaré le premier au second, qualifiant le rendez-vous d’“important”.

22-V-24, politico