Nouvelle-Calédonie, l’histoire d’un territoire divisé
Dans les années 1980, la Nouvelle-Calédonie connaît d’importants troubles : ses habitants sont divisés sur la question de l’indépendance. Les accords de Matignon et de Nouméa (1988 et 1998) cherchent à construire un « destin commun », et prévoient la « décolonisation » du territoire, un rééquilibrage au profit des Kanak et la tenue d’un référendum sur l’indépendance en 2018.
Trente ans de politique de rééquilibrage au profit des Kanak
Les accords de 1988 et 1998 comprennent la réattribution de terres aux Kanak ainsi que la pleine reconnaissance de l’identité et de la culture kanak. Ils prévoient aussi une large autonomie avec la création de collectivités territoriales, appelées « provinces ». Avec de larges compétences dans les domaines économique, social et culturel, elles deviennent l’outil de la politique de rééquilibrage économique.
Un développement économique des provinces à majorité kanak
La construction d’une gigantesque usine de transformation de nickel dans le nord de l'île principale, détenue majoritairement par la Province Nord, favorise un rééquilibrage économique en direction des territoires à majorité kanak, tout comme la péréquation du budget de fonctionnement, qui doit permettre l’investissement dans les équipements publics.
Rééquilibrage économique vers les provinces Nord et des îles Loyauté
Répartition, en % du total, en 2015
Des divisions qui perdurent malgré tout
Une fracture politique sur la question de l'indépendance
Résultats des partis indépendantistes aux élections provinciales de 2014, en %, par commune
La géographie du vote indépendantiste se superpose à celle des Kanak, majoritaires dans les provinces Nord et des îles Loyauté, qui regroupent cependant moins de 28 % de la population.
Une population ségréguée
Les Kanak et non-Kanak ne vivent pas dans les mêmes territoires, que ce soit à l'échelle du pays ou de l’agglomération de Nouméa, qui regroupe les deux tiers de la population.
À l’échelle du pays
À l’échelle de Nouméa
Une société encore inégalitaire
Malgré la politique de rattrapage au profit des Kanak, la société néo-calédonienne est toujours très inégalitaire : « Alors qu’en France les 10 % des ménages les plus aisés disposent d’un revenu 3,6 fois plus élevé que les 10 % les plus modestes, ce rapport s’établit à 7,9 pour l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie. » (La Nouvelle-Calédonie face à son destin, 2016).
Niveau de diplôme
en % de la population âgée de plus de 14 ans
La colonisation à l'origine des tensions
Fin du XIXe siècle : Relégation territoriale des Kanak
L’administration coloniale s’étant attribué la propriété des terres dès 1855, elle a déplacé et relégué les Kanak dans des réserves (13% du territoire de « Grande Terre ») lors des opérations dites du « grand cantonnement ».
Au cours du XXe siècle : les Kanak deviennent minoritaires
La France a accentué sa politique de peuplement dans les années 1960-1970 afin notamment de rendre minoritaires les Kanak et de se prémunir ainsi de velléités indépendantistes.
Les évènements de 1981-1989
La lutte violente des années 1980 pour l’indépendance atteint son paroxysme avec la prise d’otages d’Ouvéa en 1988. Suivront les accords de Matignon (1988), puis celui de Nouméa (1998), qui prévoient à terme la tenue d’un référendum pour l’indépendance.
Cartographie :
Mathilde Costil et Sylvie Gittus-Pourrias
Carte réalisée avec l’aide de Jean-Christophe Gay, professeur des univeristés à l’IAE de l’université de Nice (université Nice-Sophia Antipolis)
Design et Développement :
Agathe Dahyot et Paul Pichot
Sources :
Atlas de la Nouvelle-Calédonie, IRD-Congrès ; « La Nouvelle-Calédonie, un destin peu commun », Jean-Christophe Gay, 2014 ; IEOM ; ISEE ; Insee ; Revue « Mappemonde », n° 115 ; Adraf ; Géorep ; « Le Monde »