Sčrbia proposa la partició ´funcional´ de Kosova

Politika, balkans.courriers.info
La Serbie propose la partition du Kosovo
Traduit par Jasna Andjelić
Publié dans la presse : 22 mars 2008
Mise en ligne : mardi 25 mars 2008

La Serbie a adressé à la Minuk une proposition d’accord, qui fait partie du Plan d’action gouvernemental entré en vigueur suite à la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, et qui concerne principalement « la création d’une ambiance de division fonctionnelle entre les Serbes et les Albanais au Kosovo ». Le reportage de Politika, avec une interview de Slobodan Samardžić, ministre de Serbie pour le Kosovo.

Par Slobodan Samardžija

La proposition d’accord du ministère de Serbie pour le Kosovo

La proposition d’accord sur la mise en œuvre commune de la Résolution 1244, adressée à la Minuk dans de nouvelles conditions, créées par la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, concerne principalement « la création d’une ambiance de division fonctionnelle entre les Serbes et les Albanais au Kosovo », a dit Slobodan Samardžić, ministre de Serbie pour le Kosovo.

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Slobodan Samardžić

« Nous acceptons la Résolution 1244 sur les compétences de la police, des organes judiciaires et des douanes de la Minuk, mais suite à la proclamation unilatérale de l’indépendance, seuls les Serbes, à l’aide de la Serbie, en sont compétents », a dit Samardžić pour Politika. Il souligne que le texte de l’accord proposé concerne non seulement le territoire au nord de la rivière Ibar, mais toutes les communes et les villages serbes dans la région. Dans les contacts entretenus ces deux dernières semaines avec le Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon, le chef de la Minuk Joachim Rücker, son adjoint Larry Rossin et le conseilleur du Haut représentant de l’UE Stefan Lene, « nous avons laissé entendre que nous allions chercher un accord et les réaction étaient en principe positives », a dit Samardžić.

La proposition d’accord (que Samardžić a remise à Rossin) a provoqué des débats à Belgrade parce que tous les membres du gouvernement n’en étaient pas informés. D’après le ministre, la proposition a été rédigée conjointement par le ministère des Affaires étrangères et le ministère pour le Kosovo. Elle fait partie du Plan d’action adopté à la séance gouvernementale du 14 janvier.

La proclamation unilatérale de l’indépendance a violé la résolution 1244

Selon les fonctionnaires de la Minuk, la proposition d’accord sera considérée la semaine prochaine, après les vacances de Pâques. « Si la Serbie n’entreprend rien, les Albanais du Kosovo vont reprendre toutes les institutions dans un délai de deux mois, avec un accord tacite de la Minuk. Il est clair que nous allons perdre le Kosovo si nous n’y sommes pas présents sur place », a dit Samardžić.

Le nouvel accord représenterait-il une infraction à la Résolution 1244 ? Le ministre pour le Kosovo répond que la Serbie ne renonce pas au respect de la résolution du plus haut organe de l’Onu, mais que celle-ci a été violée par la proclamation unilatérale de l’indépendance, que les Albanais du Kosovo ne la respectent pas. Il dit que la situation actuelle représente « un défi pour la réflexion constructive de la Minuk qui ne doit pas se retirer sans avoir accompli sa tâche ». « S’il veulent la paix et la stabilité, ils doivent atteindre un accord durable avec les Serbes au lieu d’atteindre les incendies par la violence quotidienne », a dit Samardžić.

Un accord sur la sortie pacifique du tribunal de Kosovska Mitrovica

Le ministre Slobodan Samardžić a confirmé pour Politika les informations non officielles que l’accord sur la sortie pacifique des employés de justice du tribunal de Kosovska Mitrovica était à portée de la main après la réunion avec le chef adjoint de la Minuk Larry Rossin et ses collaborateurs, tenue dimanche dernier. « Dimanche soir à 20h, j’ai déclaré être certain de pouvoir résoudre le problème du bâtiment du tribunal. J’ai dit que j’allais le faire le lendemain, lundi à 13 heures », a dit Samardžić.

Samardžić explique qu’il en a été convaincu parce qu’il savait que les juges et les 53 employés du tribunal étaient prêts à sortir et à insister sur leurs revendications avec les manifestants devant le bâtiment. « C’est pourquoi nous insistons pour que la Minuk fasse une enquête internationale pour constater qui a ordonné l’emploi de la force brutale, alors même que Rossin et moi étions à un pas de la solution pacifique », a dit Samardžić.

Un alibi pour une intervention violente de la Minuk

« Plusieurs éléments indiquent que l’action à Mitrovica n’était qu’une provocation et démonstration de force internationale », a dit le ministre Samardžić. Dans les contacts avec les fonctionnaires de la Minuk pendant les conflits, nous avons été avertis que la Minuk savait que les Serbes avaient prévu et préparé d’autres actions similaires le jour même. Depuis, personne n’a indiqué avoir découvert la moindre trace de ces préparatifs. Il était de même avec la nouvelle sur la présence des représentants du ministère de l’Intérieur de Serbie dans le bâtiment du tribunal. 53 fonctionnaires judiciaires ont été arrêtés dans l’action. [La Minuk] savait que les policiers serbes n’étaient pas dedans, mais ne l’a pas démenti. Ils avaient également annoncé que des dossiers avaient été détruits et que le drapeau de la Minuk avait été brûlé. Il est vrai que le drapeau a été emporté mais il a été remplacé par un autre en dix minutes. Toutes ces informations ont été inventées pour servir de prétexte à la réalisation de cette action violente.

Finalement, nous avons la lettre de destitution de l’administrateur régional de la Minuk, Gerald Galucci, qui, en bon connaisseur de la situation sur le terrain, avait indiqué qu’une « opération de restauration de l’ordre et de la loi au nord mal conçue avait entraîné la disparition de l’ordre et de la loi ».

Le ministère pour le Kosovo dit posséder des preuves que dans leur action du 17 mars à Kosovska Mitrovica, les forces internationales ont utilisé des fusils snipers pour tirer sur les manifestants, qu’à part le gaz lacrymogène et le gaz paralysant, elles se sont servies de balles en caoutchouc, interdites par l’Onu le 13 juillet 2007 dans toutes ses missions internationales. Cette décision de l’Onu avait été provoquée par la mort de deux manifestants albanais le 10 février 2007 à Pristina.

D’après les informations obtenues au ministère, leur demande des résultats de l’examen médical du corps du militaire ukrainien mort dans le conflit n’a pas donné de résultat, et aucun détail sur l’arme utilisée et la distance du tir n’a été communiqué. Ces données ont été demandées par l’intermédiaire du ministère de l’Armée.