Kosova i Sèrbia davant la imminent declaració d´independència

Koha Ditore, balkans.courriers.info
Kosovo : l’indépendance en deux temps et trois mouvements ?
Traduit par Belgzim Kamberi
Publié dans la presse : 2 février 2008
Mise en ligne : mercredi 6 février 2008

Quand le Kosovo va-t-il proclamer son indépendance ? Selon le scénario actuellement envisagé, les choses se passeraient en trois temps : le Parlement adopterait une Déclaration d’indépendance, l’indépendance serait reconnue après un délai de quelques semaines par les pays étrangers, puis une cérémonie de proclamation d’indépendance serait organisée... D’ici cette dernière étape, il faudra encore que le Kosovo adopte sa Constitution, son hymne et son drapeau.

Par Agron Halitaj et Sami Kastrati

Selon le scénario qui circule actuellement au sein des principales institutions du Kosovo, les citoyens fêteraient la création du plus jeune État du monde le jour où le Parlement approuvera la Déclaration d’indépendance, tandis que la cérémonie officielle de proclamation du nouvel État ne serait organisée que quelques semaines plus tard.

Selon ce scénario, le premier pas vers l’indépendance consistera à fixer le jour où le Parlement devra approuver la Déclaration d’indépendance. La date pourrait être annoncée peu après la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielles en Serbie, qui est prévu pour le début de la semaine prochaine. Dès lors, l’éternelle rhétorique du Premier ministre Hashim Thaçi, qui répète que « la date de l’indépendance sera très prochainement rendue publique », se traduira en acte.

Le groupe chargé de la rédaction de la Déclaration a été formé : il comprend les trois principaux dirigeants - le Président Fatmir Sejdiu, le Premier ministre Hashim Thaçi et le président du Parlement Jakup Krasniqi - ainsi que les dirigeants des partis d’opposition, Bexhet Pacolli, Nexhat Daci et Ahmet Isufi.

Un important responsable politique local, qui a accepté de s’exprimer sous couvert de l’anonymat, nous a déclaré qu’il était prévu que la Déclaration d’indépendance soit adoptée sans débat particulier, avec une simple lecture formelle du texte.

Ce passage institutionnel plutôt discret de l’acte qui est attendu depuis des décennies par la majorité de la population a pour objectif de ne pas susciter une trop grande explosion de joie chez les Albanais, qui pourrait réveiller les craintes de la communauté serbe. Cette option aurait été préconisée par certains diplomates occidentaux.

« Deux ou trois semaines après la déclaration d’indépendance, la majorité des pays étrangers reconnaîtraient l’État du Kosovo, et les plus hauts représentants de ces États seraient invités à participer à la cérémonie officielle de l’indépendance. » Un calendrier de ce type a déjà été expérimenté lors de l’indépendance d’autres pays.

Cette même source explique aussi que l’indépendance du Kosovo serait proclamée avant que la Constitution et les symboles étatiques du Kosovo ne soient adoptés. Le vote de la Constitution et des symboles devrait attendre la signature du représentant civil international, comme le stipulait le projet de Martti Ahtisaari. « Nous fêterons l’indépendance avec nos symboles nationaux, alors que la Constitution pourra être adoptée plus tard », conclut cette source.

Alors qu’un débat sur la Constitution doit s’ouvrir, le groupe chargé de travailler sur les symboles étatiques du Kosovo n’a été formé que la semaine dernière. Ce groupe est formé de 11 représentants des plus hautes institutions du pays, des partis politiques et de la société civile. Un diplomate étranger, qui suit de près le processus de résolution du statut du Kosovo, a évoqué le même scénario. « L’adoption de la déclaration d’indépendance coïncidera avec le début de la mise en œuvre du paquet Ahtisaari, alors que la cérémonie officielle de proclamation de l’indépendance et l’adoption de la nouvelle Constitution du Kosovo interviendront un peu plus tard », résume ce diplomate. Ce dernier explique qu’il a été contacté ces derniers jours par de hauts responsables politiques de Pristina, soucieux d’en savoir plus sur les pratiques suivis par les autres pays démocratiques qui ont proclamé leur indépendance.


 

Express, balkans.courriers.info
Après les élections présidentielles, les Serbes du Kosovo vont-ils se résigner à l’indépendance ?
Traduit par Nerimane Kamberi
Publié dans la presse : 4 février 2008
Mise en ligne : mardi 5 février 2008

Boris Tadic a triomphé pour la seconde fois de Tomislav Nikolic. Cependant, au Kosovo, les électeurs serbes ont majoritairement voté pour le candidat radical. Malgré cela, les Serbes du Kosovo semblent se résigner à la possibilité d’une proclamation rapide d’indépendance. Reportage d’Express à Gračanica.

Par Artan Mustafa

Les candidats étaient les tous deux hostiles à l’indépendance du Kosovo, mais la différence tenait dans leur orientation pro-occidentale ou pro-russe.(...) Tomislav Nikolić a félicité Boris Tadić dès dimanche soir pour sa victoire.

La participation la plus faible a été enregistrée chez les Serbes du Kosovo : 55% des électeurs serbes inscrits au Kosovo se sont rendus aux urnes, tandis que la participation la plus élevée a été enregistrée en Voïvodine avec 70,1%.

Les Serbes du Kosovo ont majoritairement voté pour le radical Tomislav Nikolić, en qui ils gardent confiance.

A Gračanica et dans les villages serbes du Kosovo, qui vivent au rythme quotidien des préoccupations sur l’avenir politique et les défis économiques, les affiches du leader radical Tomislav Nikolić sont omniprésentes.

On trouve plus difficilement les traces de la campagne électorale de Boris Tadić. Les affiches de Vojislav Šešelj, en cours de jugement devant le TPI de la Haye, où il doit répondre de crimes de guerre, sont plus nombreuses. Un portrait du dirigeant ultranationaliste se trouve même sur les murs du monastère, toujours gardé par les troupes de l’OTAN et qui fait partie de l’héritage culturel du Kosovo, évoqué dans les propositions de Martti Ahtisaari.

« On sait qui va gagner, Nikolić ! », s’exclamait Bojan dimanche. Il a voté en début d’après-midi, pour l’option radicale comme la plupart des électeurs de Gračanica.

Il y a quelques jours, le dirigeant serbe du Kosovo Oliver Ivanović expliquait ainsi ce choix de l’option radicale : « Lorsque les gens sont frustrés et ont peur, ils votent pour celui qui promet le plus. Mais l’éventuelle victoire de Nikolić serait un retour en arrière, un retour au passé. »

Dragisa, un homme dans la cinquantaine, a voté dimanche avec sa femme dans une école de Gračanica. « Je ne veux pas vous dire pour qui j’ai voté. C’est un secret. C’est la loi. » « En ce qui concerne le statut du Kosovo, ces élections n’auront pas d’importance. Que l’indépendance du Kosovo soit décidée par quelqu’un d’autre, loin de nous. Mais nous sommes sûrs que la Serbie et le peuple serbe ne la reconnaîtront pas. »

Sa femme ajoute que la famille restera au Kosovo quoi qu’il arrive. « C’est chez nous ici. Nous sommes nés ici, on est bien ici. »

Lorsque la troïka du groupe de contact a échoué à trouver une solution qui contenterait les deux parties, en décembre 2007, les Etats occidentaux ont déclaré que le Kosovo devenait un problème international ouvrant ainsi la voie pour la déclaration d’indépendance.

Mais les diplomates ont tout fait pour attendre les élections en Serbie avant de prendre une décision, afin d’éviter toute possible influence négative sur le scrutin. (...)

Maintenant que les élections sont terminées, il semble bien que les habitants serbes du Kosovo soient préparés à ce que les décisions interviennent rapidement. (...)