pla d´acció serbi davant la independčncia de Kosova

Politika, balkans.courriers.info
Indépendance du Kosovo : le plan secret de Belgrade
Traduit par Jasna Andjelić
Publié dans la presse : 15 janvier 2008
Mise en ligne : mardi 15 janvier 2008

Le gouvernement serbe a adopté lundi un plan d’action en cas de proclamation d’indépendance du Kosovo. Les détails de ce plan reste secrets, mais l’on sait qu’une intervention militaire n’est pas, a priori, à l’ordre du jour. Par contre, la Serbie « réexaminera » ses relations diplomatiques avec tous les pays qui reconnaîtraient l’indépendance du Kosovo. La Russie plaide pour une attitude plus ferme encore.

Par B. Mitrinović

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Slobodan Samardžić

 

Un plan d’action, appliquable en cas de proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo, a été adopté lundi 14 janvier lors d’une séance extraordinaire du gouvernement de Serbie. Un bref communiqué gouvernemental après la séance indique que « le document adopté est une expression de la politique résolue de l’Etat serbe pour le Kosovo », et que le plan est conforme à la Résolution du Parlement sur la protection de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’ordre constitutionnel de la République de Serbie.

Le contenu du document n’a pas été publié et les mesures concrètes qui seront prises en cas de proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo ne sont pas encore connues.

Le ministre pour le Kosovo, Slobodan Samardžić, a précisé après la réunion gouvernementale que ce plan d’action représentait « un secret d’Etat du plus haut degré ». « Par conséquent, il est impossible de commenter le sujet en public et d’exposer les détails du texte. Le plus important est qu’il soit adopté, et que les organes d’Etat agissent conformément aux dispositions de ce document en cas de besoin », a-t-il expliqué.

Pas d’action militaire ?

Cependant, le ministre de la Défense et vice-président du Parti démocratique (DS), Dragan Šutanovac, a dit aux journalistes avant la séance gouvernementale que son ministère ne proposerait aucun plan d’action spécifique au gouvernement et que « tout blocage du Kosovo serait mauvais, même s’il est uniquement économique ». Le ministre de la Défense a expliqué que son ministère « fonctionnait comme tous les ministères de la Défense dans le monde, en envisageant en même temps le meilleur et le pire scénario possible ». Il a rappelé que l’armée existait pour empêcher la violence, ce qui sous-entend de pouvoir prendre des actions « contre ceux qui souhaitent provoquer la violence ».

Le ministre de la Défense a souligné qu’en plus des Albanais, le Kosovo était habitée par un grand nombre de Serbes et de non-Albanais qui méritaient tous une vie normale et que, de ce point de vue, tout blocage du Kosovo serait nuisible.

Le ministère de la Défense a précisé que l’application de la décision gouvernementale était obligatoire pour tous, et que la déclaration du ministre était une expression d’inquiétude particulière pour le destin des Serbes dans cette région.

La résolution adoptée par le Parlement serbe le 26 décembre 2007 (et votée par le DS, le DSS, le G17 plus, le Parti radical, le Parti socialiste, le Parti Rrom et l’Union des Rroms de Serbie), oblige le gouvernement à adopter un plan général dans tous les domaines pour appliquer « de la manière la plus efficace possible les compétences constitutionnelles de la République de Serbie au Kosovo et pour renforcer l’action des institutions de l’Etat, pour protéger efficacement les vies, les propriétés, les droits et les libertés des citoyens de la région, en particulier ceux de la population serbe et non-albanaise ».

La résolution prévoit que « la défense du Kosovo en tant que partie intégrante de la République de Serbie représente une priorité des institutions étatiques et de tous les organes publics de l’Etat, jusqu’à l’adoption d’une solution de compromis sur la question, basée sur la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU ».

Dans sa déclaration au quotidien Standard de Vienne, Dušan Proroković, secrétaire d’Etat du ministère pour le Kosovo, a dit que « la reconnaissance de l’indépendance unilatérale du Kosovo par une partie des pays de l’UE représenterait une grave infraction à l’intégrité territoriale de la Serbie, à laquelle Belgrade devrait réagir ». Il a expliqué que « tous les ministères de Serbie ont élaboré des plans d’action qui pourraient entrer en vigueur immédiatement après l’éventuelle proclamation d’indépendance ».

Dans un interview à Glas javnosti, le nouvel ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozin, a annoncé que, dans le cas d’une proclamation violente de l’indépendance du Kosovo, la Russie demanderait l’organisation d’une conférence pour la protection du droit international sous l’égide de l’ONU. Cependant, l’ambassadeur russe a dit que ces démarches « seront encore mesurées ». Il a dit qu’il espérait que cette demande serait suffisante « surtout si la Serbie reste décidé et catégorique dans son refus de se séparer du Kosovo ».

Réexamen des relations diplomatiques

« Ces derniers mois, Belgrade est politiquement mobilisée, son discours au sujet du Kosovo est devenu plus rigide. C’est bien, mais j’ai peur que cela ne soit pas suffisant, et je pense que la Serbie doit montrer plus de volonté et d’unité politique et nationale », estime Dimitri Rogozin. Il a exprimé le regret de constater « une certaine division et des hésitations dans le ton de l’Etat serbe. Si cela persiste, les chances de la Serbie diminueront, ainsi que les chances pour la Russie d’organiser une conférence pour la protection du droit international ».

La résolution parlementaire prévoit un réexamen des relations diplomatiques avec les Etats qui reconnaîtraient l’indépendance du Kosovo. Le Kosovo sera considéré comme partie intégrante de la République de Serbie « dans les activités intérieures et extérieures de l’Etat, par ses organes et ses représentants publics. Cette position sera valable pour tout acte ou activité des organes étatiques et des acteurs publics, jusqu’à ce qu’un compromis sur cette question basé sur la Résolution 1244 soit trouvé », précise cette résolution.