Par Rodolfo Toe
Il n’y a toujours pas d’accord entre les principaux partis politiques de Bosnie-Herzégovine pour la formation du nouveau gouvernement. La nouvelle rencontre jeudi 17 novembre à Sarajevo n’a donné aucun résultat. Pire, il a encore une fois révélé au grand jour leurs profonds désaccords.
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Crise politique en Bosnie-Herzégovine : plus d’un an sans gouvernement
Zlatko Lagumdžija (SDP), qui accueillait ce rendez-vous, a critiqué l’obstructionnisme croate. Il a qualifié d’ « irrecevables » les requêtes des deux partis HDZ et HDZ-1990. Milorad Dodik (SNSD) et Mladen Bosić (SDS) ont, au contraire, immédiatement démontré « leur disponibilité à trouver un compromis ».
Dragan Čović (HDZ-BiH) et Božo Ljubić (HDZ-1990) veulent le Poste de Premier ministre pour Borjana Krišto et demandent aussi deux ministères. Ils sont soutenus par les Serbes, qui réclament de leur côté quatre ministères, dont celui des Affaires étrangères. Dragan Cović reproche à coalition SDA-SDP de vouloir un gouvernement contraire à la Constitution et menace la naissance « inévitable » d’une « troisième entité en Herzégovine ».
Le SDA et le SDP ne disposant pas de la majorité nécessaire à l’élection du Conseil des Ministres, Sulejman Tihić (SDA) a proposé d’utiliser un critère représentatif proportionnel, basé sur le recensement de 1991. Un biais qui permettrait d’éviter les pièges des oppositions nationalistes, mais qui favorise les Bosniaques, majoritaires.
Milorad Dodik a vigoureusement dénoncé cette « violation » de Dayton. « Que va-t-il se passer si les musulmans décident de voter en masse pour ceux qui justifient les attentats à l’Ambassade Américaine ? », a-t-il lancé.
Face à ce blocage qui paraît insoluble, l’option de nouvelles élections devient de plus en plus probable. « Si on n’arrive pas à former un gouvernement, la seule solution est de voter en octobre 2012 », a estimé Dragan Čović. un point de vue que partage Zlatko Lagumdžija.
Après 13 mois sans gouvernement, la Bosnie ne peut plus attendre. La population commence à exprimer son exaspération. Des affiches fleurissent sur les murs de Sarajevo ; on peut y lire ce message, adressé aux responsables politiques : « vous êtes unis dans la paresse et dans le crime ».