la Bebolucija, la Baby(revo)lució, la revolta civil bosniana,... traicionada

Le Courrier de la Bosnie-Herzégovine

Bosnie-Herzégovine: la «bebolucija» est-elle en train de dévorer ses propres enfants?

Revue de presse
Mise en ligne : jeudi 4 juillet 2013
La « révolution des bébés » s’est-elle fourvoyée ? C’est en tout cas l’avis de nombreux commentateurs à Sarajevo. Tous déplorent la « trahison » des buts initiaux de ce mouvement de protestation citoyenne. Participation affaiblie, apparition de groupes nationalistes et de symboles incompatibles avec la nature non-politique et citoyenne de la manifestation seraient à l’origine de cette « dégénérescence ».

Par Rodolfo Toè

« La Bebolucija est passée », écrit Almir Pjaneta dans Slobodna Bosna. Ce commentateur de la vie politique bosnienne a été le premier à souligner la « dégénérescence » de la « révolution des bébés » : « Des groupes particuliers ont pris le contrôle de la manifestation », déplore-t-il.


Retrouvez notre dossier :
« Révolution des bébés » : l’heure du réveil citoyen en Bosnie-Herzégovine 


« Sur les barricades érigées par la police devant le Parlement, des slogans comme Vive la République de Bosnie-Herzégovine sont apparus et on a pu entendre la foule chanter Jedna si jedina, version non officielle et pro-bosniaque de l’hymne national… »

Tout cela est à mille lieues de l’état d’esprit initial de la protestation. Le pire est que ces slogans renforcent la position des politiciens de Republika Srpska, qui tout au long des dernières semaines, se sont plaints du « caractère nationaliste » des protestations.

« Comment est-il possible que le blocage des institutions, la demande d’adoption des numéros de sécurité sociale et d’établissement d’un fonds pour les maladies graves des enfants sont devenus un appel absurde à boycotter les magazines et à ne pas payer nos factures », s’écrie Vuk Bačanović dans Buka. « Comment est-il possible que les organisateurs, qui ont cherché à se distancer de toute appartenance politique et ethnique dès le début du mouvement de protestation, sont aujourd’hui devenus la proie de formations marginales comme le groupe Anti-Dayton, comme si Milorad Dodik était lui-même aux commandes ? »

Pour Vuk Bačanović, le problème principal est le manque d’organisation. « Toute résistance de masse a besoin d’un objectif politique, mais aussi de logistique, d’organisation et d’une discipline de fer. Sinon, elle devient un ensemble confus d’individus ». « La révolution des numéros d’identification pouvait être une occasion historique… Finalement, elle s’est révélée être un échec de plus », affirme Emir Imamović de Radio Sarajevo. « La protestation du 1er juillet a montré ses limites. La révolution a dévoré ses enfants… »