Brčko, exemple de l’esperpent dels Acords de Dayton

Le Courrier de la Bosnie-Herzégovine

Bosnie-Herzégovine: le district de Brčko n’est plus sous tutelle internationale

Par Rodolfo Toè
Mise en ligne : mardi 4 septembre 2012
C’est la fin d’une tutelle internationale qui aura duré plus de quinze ans. Depuis le 1er septembre, le district de Brčko, à cheval entre la Republika Srpska et la Fédération de Bosnie-Herzégovine, n’est plus sous la supervision du Haut Représentant. Les autorités locales sont désormais seules aux manettes.

Le Bureau du Haut Représentant international (OHR) à Brčko a mis fin le 31 août à son mandat de supervision du district, en accord avec les recommandations que le Conseil pour l’Implémentation de la Paix avait données le 23 mai.

C’est la fin d’une histoire qui a commencé au mois de février 1997. Roderick Moore, qui aura donc été le dernier superviseur international de Brčko, a envoyé une lettre à tous les résidents du district en expliquant qu’à compter de septembre 2012, il ne participerait plus aux travaux institutionnels du district et ne prendra plus aucune décision contraignante.


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Le district de Brčko bénéficie d’un statut particulier par rapport aux autres cantons. Formellement, il appartient aux deux entités, Fédération croato-musulmane et Republika Srpska, mais il jouit aussi d’une complète autonomie administrative et légale. Au lendemain de la guerre, un superviseur et un Tribunal d’arbitrage spécial avaient été mis en place afin d’assurer la tutelle de son indépendance.

L’OHR n’exerçait déjà plus ses prérogatives

En dépit de la décision de terminer la supervision internationale, la Communauté internationale maintiendra toutefois une présence dans le district : l’OSCE et l’EUFOR resteront dans la région, et l’Union européenne compte ouvrir prochainement une délégation dans la ville.

Cette décision a été unanimement saluée. Le maire de Brčko, Miroslav Gavrić, se dit « satisfait » par ce changement. « Il est temps pour nous de mener personnellement la bataille contre les défis de la vie quotidienne », a-t-il ajouté. Il estime que les représentants démocratiquement élus auront « la capacité de faire face à ces problèmes ».

Pour l’Ambassade des États-Unis en Bosnie-Herzégovine, « la décision de suspendre la vigilance est une preuve des progrès accomplis pendant ces années : le district était une des régions les plus touchées par la guerre et aujourd’hui elle est la zone plus riche et politiquement stable du pays ».

« A vrai dire », a ajouté le président de l’Assemblée du District de Brčko, Esad Atić, « les tuteurs de la communauté internationale à Brčko avaient choisi de ne pas utiliser leur autorité durant ces dernières années ». Le changement, après tout, ne devrait pas se révéler si drastique.