la souveraineté dans le contexte iranien

Nous pouvons ici constater l’ambiguïté du concept de souveraineté dans le contexte iranien. En effet, adoptée en 1979, la Constitution de la République islamique d’Iran repose sur deux piliers fondamentaux : la reconnaissance de la souveraineté absolue en Dieu – souveraineté divine, essence de l’Etat islamique – et la reconnaissance de la souveraineté populaire, fondement de légitimité politique. Cette double souveraineté à la base de l’Etat islamique rend le système politique iranien assez complexe dans sa conception ainsi que dans son fonctionnement. La double souveraineté peut donc être vue, d’un côté, comme l’expression du double caractère de la République islamique (comme son nom l’indique) : républicain et théocratique ; et, de l’autre, comme “cause” d’un double effet : l’institutionnalisation de la fonction du Guide Suprême en tant que chef de l’Etat (couvrant une fonction politique et religieuse) et l’intégration du recours au suffrage universel pour la légitimation du régime, conformément au modèle de l’État moderne démocratique.

("L’Europe est-elle chrétienne?", Olivier Roy, Le Grand Continent)