un «non paper» attribué à la France et à l’Allemagne secoue le Kosovo et la Serbie

| Par Maja Živanović et Taulant Qenaj | vendredi 30 avril 2021, courrierdesbalkans

Quelques jours après la révélation d’un « non paper » slovène prévoyant la redéfinition des frontières des Balkans sur une base ethnique, le grand quotidien kosovar Koha Ditore a publié un document de travail attribué à Paris et Berlin censé poser les bases d’un accord final entre Belgrade et Pristina.

Traduit et adapté par Nikola Radić (article original)

« Ce document n’est pas un original et ne reflète nullement les positions de l’Allemagne et de la France. » Voilà ce qu’ont expliqué les porte-paroles de l’ambassade d’Allemagne après la publication par Koha Ditore d’un non paper prétendument préparé par Berlin et Paris. Le grand quotidien kosovar précisait que ce document avait été établi en vue de relancer le dialogue entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’Union européenne.

L’ambassade de France au Kosovo a elle aussi démenti l’implication de Paris dans ce document. L’Allemagne et la France ont précisé que les deux pays « soutenaient pleinement la poursuite du dialogue sur la normalisation entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’UE », et qu’ils « soutenaient le processus d’intégration des Balkans occidentaux et une meilleure coopération régionale ». Le porte-parole de l’UE chargé des affaires étrangères et de la sécurité, Peter Stano, a ensuite qualifié le document de « non-officiel » et « ne reflétant pas les positions de l’UE ».

Si Koha Ditore n’a pas réussi à confirmer l’authenticité du document, d’après l’article, plusieurs diplomates auraient plus ou moins confirmé que les éléments évoqués correspondaient à ce qui devrait être prochainement négocié entre Belgrade et Pristina à Bruxelles. Selon ce non paper, le Kosovo et la Serbie devraient chacun respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’autre, tout en prévoyant « un district autonome pour le nord du Kosovo ». Un statut spécial serait aussi accordé à l’Église orthodoxe serbe au Kosovo. Avec l’objectif de parvenir à la signature d’un « accord final » d’ici février 2022.

Quand le dialogue pourra-t-il reprendre ?

Le Président serbe a qualifié d’inadmissible la demande de la reconnaissance du Kosovo par la Serbie, qui figure dans ce non paper. Aleksandar Vučić, qui était en visite à Bruxelles en début de semaine, a plaidé pour une reprise des négociations avec le Kosovo à la mi-mai. « Je ne serai pas ici à Bruxelles le 11 mai », a répliqué Albin Kurti mercredi après avoir rencontré à son tour les responsables européens. « Le futur dialogue avec la Serbie doit être bien préparé à l’avance et basé sur des principes clairs », a expliqué le nouveau Premier ministre kosovar pour justifier sa position.

« La partie qui accorde l’autonomie aux municipalités à majorité serbe dans le nord du Kosovo est la plus problématique et la plus néfaste pour le Kosovo », estime Arber Fetahu, du Groupe pour les études juridiques et politiques, basé à Pristina. « Ce modèle, similaire à la Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine, mine indubitablement la souveraineté du Kosovo et est contraire à la Constitution. »

Mi-avril, le site d’investigation slovène Necenzurisano avait publié un non paper attribué au Premier ministre Janez Janša. Ce plan, qui prévoit de redessiner les frontières des Balkans sur une base ethnique, a suscité de nombreuses inquiétudes dans toute la région.